Si vous investissez sur les marchés et que vous achetez des actions, vous avez certainement entendu parler de classes d’actions. Certaines entreprises émettent deux, voire plusieurs, types d’actions (en anglais, dual class shares). On parle la plupart du temps d’actions de Classe A et d’actions de Classe B.

Chaque classe d’action possède ses propres attributs. Elles se distinguent en fonction du droit de vote correspondant ou encore du droit aux dividendes. En général, une classe d’actions est réservée aux fondateurs, aux cadres de la société ou à leur famille et leur permet de bénéficier d’un droit de vote multiple afin de garder un meilleur contrôle de la compagnie. Si la pratique est interdite en France pour les sociétés cotées, elle est largement répandue aux États-Unis et dans d’autres pays. Cependant, elle suscite également la controverse.

Dans ce guide, nous vous expliquons ce que sont les catégories d’actions et comment cela fonctionne. Vous trouverez les réponses aux questions suivantes :

  • Qu’est-ce qu’une structure d’actions à droit de vote double ou multiple ?
  • Quand les classes d’actions ont-elles été inventées ?
  • Que sont les actions classe A et classe B ?
  • Quels sont les avantages des classes d’actions ? Devrait-on les interdire ?

Si vous avez envie de mieux comprendre l’impact des classes d’actions sur votre investissement et votre portefeuille financier, vous êtes au bon endroit !

Comment fonctionnent les classes d’actions ?

How does Dual Class Stock Work?

 

Pour bien comprendre le fonctionnement des classes d’actions et les différents types d’actions, il faut savoir que les réglementations varient fortement d’un pays à l’autre. Une société américaine n’a pas les mêmes obligations qu’une société française et vice-versa.

Lorsqu’on parle de “dual class share”, on fait généralement référence à la pratique qui consiste à créer deux (ou plusieurs) catégories d’actions afin de permettre à un groupe d’actionnaires de conserver le contrôle de la compagnie. Un des exemples les plus connus est celui de l’entreprise américaine Google. Sa société mère Alphabet (GOOGL) possède actuellement trois classes d’actions :

  • Actions de classe A : les actions ordinaires avec un droit de vote, destinées au grand public.
  • Actions de classe B : les actions de classe B sont réservées aux cadres, aux fondateurs et personnes liées. Elles possèdent chacune dix droits de vote.
  • Actions de classe C : les actions de classe C, initialement destinées aux employés lambda, ne possèdent pas de droit de vote.

Un autre exemple bien connu est celui de l’entreprise Berkshire Hathaway, holding créée par Warren Buffett. Pour acheter une action de classe A, il faudra investir plus de 400 000 dollars alors qu’une action de classe B se négocie autour de 300 dollars (juillet 2021). Plusieurs différences existent entre les deux classes d’actions mais la différence principale est que les actions de Classe A possèdent 10 000 droits de vote alors que les actions de Classe B n’en possèdent qu’un.

La pratique des dual-class stocks est donc largement répandue outre-Atlantique et n’est pas récente. Son origine remonterait à deux siècles. On considère généralement que la première émission de classes d’actions multiples fut celle de l’International Silver Company en 1898.

En 2019, l’Université d’Harvard estimait qu’environ 7% des entreprises cotées américaines présentaient une telle structure. Certains pays européens comme la Suède ou encore les Pays-Bas adoptent une approche similaire en la matière.

Si vous vous demandez quels sont les différents types d’actions possibles, il est difficile de fournir une réponse universelle. Cela dépend de la législation de chaque pays. Dans certains cas, le droit de vote peut même être modulable en fonction des sujets traités. De plus, certaines actions peuvent également bénéficier d’un droit au dividende prioritaire ou d’autres avantages. La situation doit donc être analysée au cas par cas.

En France, la réglementation est relativement stricte. Les sociétés du CAC 40 ou les sociétés cotées en général ne sont pas autorisées à créer de telles structures octroyant des droits de vote disproportionnés. En revanche, un mécanisme légal est en place permettant d’octroyer un droit de vote double aux actionnaires qui détiennent leurs actions pendant plus de deux ans, sous conditions. L’objectif ici est de privilégier la fidélité et la stabilité. D’autres aménagements sont également possibles en vertu du droit français. Une société peut par exemple émettre des actions de préférence sans droit de vote mais avec droit prioritaire aux dividendes.

La possibilité pour les sociétés françaises cotées d’émettre des actions à droit de vote multiple fait cependant débat et la législation pourrait évoluer à l’avenir.

Exemples de structures d’actions à droit de vote multiple

Examples of Dual Class Stock Structures

Exemples de structures d’actions à droit de vote multiple

Si vous achetez des actions, en particulier des actions américaines, vous avez déjà certainement rencontré des dual class shares. Une plateforme de trading comme eToro propose les actions ordinaires à leurs utilisateurs. En fonction de l’entreprise, il peut s’agir des actions de classe A ou de classe B.

Outre Alphabet et Berkshire Hathaway cités précédemment, nous vous présentons d’autres exemples d’entreprises à classes d’actions multiples :

  • Facebook (FB) : en détenant moins de 20% des actions, Mark Zuckerberg contrôle environ 60% de l’entreprise.
  • Alibaba (9988.HK) : la structure mise en place par Jack Ma le favorise grandement et est très controversée.
  • Ford Motor Co (F) : la structure mise en place permet à la famille de conserver environ 40% des droits de vote. De plus, les actions de classe B ont un droit de remboursement préférentiel en cas de liquidation ou faillite.
  • The New York Times : lors de son introduction en bourse, le New York Times a également décidé d’émettre différentes classes d’actions. La famille Sulzberger et ses proches conservent le droit d’élire la majorité des membres du Conseil de Direction, entre autres avantages.
  • Zoom Video Communications (ZM) : à l’instar d’autres géants de la tech, l’entreprise Zoom a émis des actions de classe A et de classe B. Les actions de classe B disposent de dix votes par action.
  • Bombardier : l’entreprise aéronautique canadienne possède aussi deux classes d’actions. Les actions de classe A possèdent dix droits de vote alors que les actions Bombardier classe B sont des actions ordinaires.

Les exemples d’entreprises ayant opté pour une structure avec différentes classes d’actions ne manquent donc pas. Cependant, de nombreuses voix s’élèvent contre cette pratique, arguant qu’elle est contraire au principe « une action, un vote ».

Controverses sur les actions à droit de vote multiple

Les actions à droits de vote multiples ont de nombreux détracteurs. Certains s’inquiètent de l’omnipotence des détenteurs d’une classe d’actions particulière qui ne doivent plus se soucier d’écouter les « petits » actionnaires. En revanche, ce système permet également de garantir une certaine continuité et de se prémunir contre des changements de cap radicaux.

Controversies of Dual Class Stock

 

L’exemple de Google en 2004 avec ses actions à dix droits de vote a beaucoup fait parler de lui. La polémique avait déjà fait rage en 1926. À l’époque, l’entreprise Dodge Brothers souhaitait réaliser son introduction en bourse en ne proposant que des actions sans droit de vote au grand public. Suite au tollé suscité, le New York Stock Exchange avait banni la pratique pour l’accepter de nouveau en 1980.

Ces dernières années, plusieurs places financières, dont Singapour ou Hong Kong, ont commencé à accepter les dual class shares en raison de leur popularité. Ces structures deviennent en effet la norme, en particulier dans le secteur technologique.

Cependant, de nombreux investisseurs continuent de tirer le signal d’alarme, dénonçant les risques d’abus des dirigeants et la perte de contrôle des actionnaires. Aux États-Unis, le Conseil des investisseurs Institutionnels (Council of Institutional Investors) s’est positionné contre cette pratique, avec peu de succès jusqu’à présent. Les membres de cet organe gèrent environ 40 000 milliards de dollars, preuve que le malaise est réel.

Dans tous les cas, les investisseurs particuliers qui créent un portefeuille financier n’auront bien souvent accès qu’aux actions ordinaires. Ils devront donc s’en contenter s’ils souhaitent investir dans une entreprise en particulier.

Résumé

Le concept des dual class shares est important pour bien gérer son portefeuille financier. Voici un résumé des points principaux expliqués dans ce guide.

  • Les dual class shares — aussi appelées actions classe A et classe B ou encore actions dual class — sont des catégories d’actions d’une entreprise.
  • Chaque catégorie d’action possède ses caractéristiques propres, généralement un ou plusieurs droits de vote et un accès prioritaire ou non aux dividendes.
  • Les dual class stocks permettent aux créateurs et cadres de l’entreprise de garder le contrôle. Cependant, elles prêtent à controverse car elles créent une inégalité entre actionnaires.
  • En France, les sociétés cotées ne peuvent pas émettre d’actions à droit de vote multiple. L’unique possibilité est d’opter pour le régime des actions à droit de vote double. Ce régime très encadré implique une détention minimale des actions pendant deux ans.
  • Les actions à droit de vote multiple sont largement répandues aux États-Unis et dans d’autres pays. Un nombre important d’entreprises du secteur technologique utilisent ce genre de structure au moment d’entrer en bourse.

Vous savez maintenant ce que signifie les actions de classe A et classe B et quelles sont les actions dual class les plus connues. N’hésitez pas à consulter notre académie si vous souhaitez améliorer vos connaissances sur les actions et mieux gérer votre portefeuille financier.

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