En ce début du mois d’octobre, les indices boursiers poursuivent leur irrésistible ascension, et enchaînent, pour certains, de nouveaux records. C’est le cas à Wall Street du Dow Jones (DJ30) et du S&P 500 (SPX500) qui viennent de dépoussiérer des niveaux jamais atteints à 43.000 points et 5.800 points respectivement. Sur le Vieux Continent, le Dax 40 (GER40) Allemand vient lui aussi d’inscrire de nouveaux sommets, bien que son économie soit en récession.
Alors que la semaine dernière a marqué le coup d’envoi de la saison des publications trimestrielles, la question qui se pose désormais est la suivante : est-ce que les résultats du troisième trimestre vont conforter ou ébranler le vent d’optimisme qui souffle sur les marchés financiers ?
Des résultats solides attendus aux Etats-Unis
Il est probable que la croissance des bénéfices sera toujours solide au troisième trimestre et même sur l’ensemble de 2024, tirée par les Etats-Unis. Bien que les publications des résultats du deuxième trimestre nous aient montré que certaines sociétés sont de plus en plus prudentes pour le reste de l’année, une croissance des bénéfices de 4,1% est anticipée aux États-Unis. Toutefois, ces prévisions sont inférieures à celles du début d’année, mais le marché s’était peut-être un peu trop vite enthousiasmé pariant sur cinq ou six baisses de taux de la Fed en 2024. La Fed baissera très probablement deux fois ses taux avant la fin de l’année.
Elle les a déjà réduits de 50 points de base en septembre (c’est arrivé seulement deux fois en quarante ans) montrant ainsi au marché que l’inflation était “pour elle” maîtrisée et que désormais le scénario vers un “No lending” (sans atterrissage) de l’économie était privilégié. En effet, ce scénario a été renforcé par une inflation au plus bas depuis trois ans (2,4%) et un solide rapport sur l’emploi ce qui a engendré une surperformance des valeurs cycliques et des Big Techs depuis un mois.
D’ailleurs bien que les prévisions de résultats aient été revues à la baisse, ceux des “7 Magnifiques” sont attendus en progression de 19%, ce qui maintient une pression à la hausse sur les indices américains.
En Europe, l’incertitude domine
La croissance des bénéfices au troisième trimestre en Europe a été revue en baisse à 1,6% sur un an, pour le STOXX 600. Contrairement à l’Oncle Sam, l’Union Européenne connaît un ralentissement économique assez marqué notamment au niveau de la production industrielle. L’indice des directeurs d’achats (PMI) manufacturier en zone euro est en contraction depuis deux ans, et la croissance du PIB est proche de zéro.
Le secteur automobile européen subit un coup de frein substantiel de son activité. Certains constructeurs dont Stellantis (STLAM.MI) et BMW (BMW.DE), qui avaient connu une année 2023 record avec une augmentation significative de leur croissance bénéficiaire, sont confrontés actuellement à des problèmes de surproduction. Les stocks sont trop élevés pour faire face à une demande qui n’est pas au rendez-vous. Les bénéfices pour cette industrie sont attendus en fort recul entre 10 et 20% par rapport au T3 2023, de nombreux constructeurs ayant déjà émis des profits warnings.
Par ailleurs, l’Europe est beaucoup plus exposée à la Chine que les Etats-Unis, que ce soit au niveau du secteur automobile, mais aussi dans le secteur du luxe et de la chimie. Le plan de relance massif du gouvernement chinois n’aura pas un impact immédiat sur les prochaines données macroéconomiques de l’Empire du Milieu, et les effets sur la consommation ne seront pas visibles immédiatement.
La rotation sectorielle est en cours
Dans un environnement de taux en baisse, la rotation sectorielle est déjà en cours. Les obligations devraient poursuivre leur rebond, et les secteurs qui en profitent généralement, à savoir l’immobilier, les services aux collectivités (Utilities) et les banques surperforment au troisième trimestre.
Toutefois, le secteur tech américain devrait continuer de performer, même si certaines valorisations sont déjà très élevées. Attention toutefois aux déceptions lors des publications trimestrielles, les sanctions pourraient s’avérer impitoyables. On l’a vu avec ASLM (ASML.NV) qui a chuté de -16%.
Tant que l’inflation reste sous contrôle, l’absence d’atterrissage de l’économie américaine ainsi que le cycle de baisse de taux sont favorables aux marchés des actions. Tant que l’économie américaine reste solide, les valeurs cycliques devraient surperformer les valeurs défensives.
Toutefois, si les données macroéconomiques venaient à se détériorer brusquement, le marché pourrait pencher vers plus de prudence. La volatilité va rester forte en cette fin d’année en raison du regain des tensions géopolitiques actuelles ainsi que de l’incertitude sur l’issue des élections américaines.
Antoine Fraysse-Soulier est responsable de l’analyse des Marchés chez eToro. Ayant plus de quinze ans d’expérience en finance de marché (Brokers, Asset Managers), il nous a rejoint en 2019 pour partager sa connaissance et son expérience à toute la communauté eToro.
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