Le 2 avril 2025 fera date dans l’histoire de l’économie, marquant une série de tarifs douaniers d’une ampleur jamais connue depuis plus de cent ans. Ces mesures incluent un tarif général de 10 % sur toutes les importations américaines, et des tarifs supplémentaires spécifiques à 57 nations, variant de 11 % à 50 %, entrés en vigueur le 9 avril. Il serait tentant de se dire que l’on connaît la musique des droits de douanes effectués par Trump en 2018, mais ce protectionnisme 2.0 est différent car il touche l’ensemble des pays qui ont un excédent commercial avec les Etats-Unis.
Pour l’instant, il y a deux types de ripostes, ceux qui négocient avec l’Administration Trump, l’Inde, le Vietnam, etc.. pour annuler ces droits de douanes et ceux qui ripostent en mettant en place des mesures de rétorsion. C’est le cas de la Chine qui le lendemain de ces annonces appliqué les mêmes droits de douanes. La surenchère s’est poursuivie avec Trump qui est monté jusqu’à 145% !
Cette surenchère de tarifs et cette incertitude concernant les conséquences économiques viennent de provoquer une des plus fortes chutes des marchés américains de ces cinquante dernières années. Entre le 3 et le 4 avril le S&P 500 a chuté de -10,5% marquant ainsi la 5e plus forte baisse de son histoire sur deux jours. La précédente datait du 12 mars 2020, en pleine crise du Covid. D’ailleurs la volatilité actuelle est similaire à celle de cette période avec un indice Vix (indice de la peur) au plus haut depuis cinq ans.
Maintenant, les droits de douanes universels imposés par Trump menacent de bouleverser l’ordre économique mondial et font craindre une récession. Les deux plus grandes économies mondiales s’affrontent, et il ne s’agit pas seulement de droits de douane ou de devises : il s’agit d’une collision en temps réel entre les flux de capitaux, la géopolitique et la viabilité budgétaire.
Les turbulences sur le marché obligataire ont eu raison de Donald Trump
Le président Trump et les responsables de l’administration ont d’abord ignoré la réaction des marchés boursiers après la chute des cours la semaine dernière, déstabilisant les investisseurs qui misaient sur ce que l’on a appelé le put de Trump : la conviction que des pertes de cette ampleur le pousseraient à changer de cap. Tout lui convenait car les taux d’intérêts baissaient.
Mais cette semaine, alors que les pertes s’accumulaient sur les marchés boursiers mondiaux, un nouveau choc est arrivé sur le marché obligataire; les investisseurs se sont débarrassés des obligations d’État, provoquant la plus forte hausse des rendements américains à 30 ans depuis le début de la pandémie.
La rapidité et l’ampleur de la liquidation obligataire ont alimenté les spéculations selon lesquelles des investisseurs étrangers clés, comme la Chine, pourraient vendre des bons du Trésor en représailles. C’est à ce moment-là que la Maison Blanche a annoncé “la bonne nouvelle” pour les marchés actions, en suspendant pendant 90 jours, de nombreux droits de douane récemment entrés en vigueur.
Ainsi l’indice S&P 500 a grimpé de près de 10,8 % marquant la 4e plus forte hausse journalière depuis 1982 , tandis que l’indice Nasdaq 100 a enregistré sa plus forte hausse journalière depuis 2001. Les bons du Trésor à court terme ont chuté, annulant leurs gains antérieurs, les investisseurs réduisant leurs paris sur une baisse des taux d’intérêt et le dollar s’appréciant face à des devises refuges comme le yen japonais (USD/JPY) et le franc suisse (USD/CHF).
Les marchés ont connu une volatilité sans précédent, avec des fluctuations extrêmes et historiques. L’indice VIX, qui mesure la peur à Wall Street, a chuté de façon spectaculaire, tandis que les bons du Trésor ont enregistré des variations de rendement exceptionnelles, dépassant 0,3% pour les maturités à 2 et 30 ans.
Ces mouvements, qui sont d’une volatilité extrême, sont du type de ceux que l’on observe habituellement lors de crises comme le début de la pandémie en 2020 ou lors de la faillite de la 4e plus grosse banque américaine, Lehman Brothers, lors de la grande crise financière de 2008.
Dans ce cas particulier, la confiance des investisseurs a été ébranlée par les actions imprévisibles d’un président américain qui a tenté de modifier unilatéralement les règles du commerce international. Cette incertitude a fait craindre que les progrès économiques fragiles ne soient rapidement anéantis par un simple message sur les réseaux sociaux.
Un choc temporaire dû au chaos tarifaire
Wall Street a chuté de 20% en quelques semaines, mais il ne s’agit pas d’une correction comme les autres, car la cause vient de l’intérieur et non de l’extérieur comme le Covid. Et lorsque la politique interfère avec les règles de base du jeu financier, l’incertitude est amplifiée. Mais les opportunités le sont tout autant.
Aujourd’hui, plus que jamais, il est essentiel de maintenir des portefeuilles diversifiés, qui ne soient pas surexposés à une seule région ou à une seule classe d’actifs, et qui soient prêts à faire face à des scénarios incertains. Conserver des liquidités est une évidence. Car si une chose est claire, c’est que nous ne pouvons pas considérer le processus correctif comme acquis dans cet environnement hautement volatile. Mais c’est aussi dans ces moments-là que nous pouvons prendre des décisions qui, au fil du temps, généreront une véritable valeur à long terme.
Antoine Fraysse-Soulier est responsable de l’analyse des Marchés chez eToro. Ayant plus de quinze ans d’expérience en finance de marché (Brokers, Asset Managers), il nous a rejoint en 2019 pour partager sa connaissance et son expérience à toute la communauté eToro.
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