Chute du dollar : implications potentielles pour les portefeuilles

À peine quelques mois après le début du second mandat de Donald Trump, le pilier de l’hégémonie financière américaine érigé en près d’un siècle, à savoir un dollar fort, a rarement semblé aussi fragile.

Les tirades renouvelées de Trump contre la Réserve fédérale, y compris les menaces les plus explicites à ce jour de limoger son président Jerome Powell, n’ont fait qu’amplifier l’onde de choc de sa déclaration de guerre commerciale sur la quasi-totalité des marchés. Cela oblige à réévaluer les actifs fondamentaux de la domination économique américaine. Le dollar et les obligations du Trésor, valeurs refuges traditionnelles en période de crise, paraissent soudain beaucoup moins attrayants. Il n’y a pas si longtemps, les investisseurs anticipaient un « Trump trade », renforçant ainsi l’exceptionnalisme américain, mais cela ressemble désormais davantage à une stratégie de vente de l’Amérique.

Les réflexions de Trump sur la possibilité de limoger le président de la Fed, Jerome Powell, même si elles ne se concrétisent pas, constituent, dans l’esprit de la communauté internationale, une menace substantielle pour l’indépendance de la banque centrale américaine et, par extension, pour le statut de valeur refuge du dollar.

Et ce n’est là qu’un élément d’un changement encore plus vaste et probablement douloureux. Le rôle des ménages américains comme acheteurs de biens en dernier recours pour l’économie mondiale, et celui de l’armée américaine comme pilier de la sécurité et des alliances politiques, sont également remis en question.

Tout le monde dans le même bateau 

Partout dans le monde, les gouvernements sont dans le même bateau que les gestionnaires de fonds : ils peinent à se réorienter. C’est dans un contexte turbulent que se sont déroulées les réunions de printemps du FMI (Fonds monétaire international), qui a revu sensiblement à la baisse la croissance mondiale à 2,8% en 2025 contre 3,3% précédemment.

« La structure du pouvoir géopolitique se réorganise sous nos yeux », a déclaré la semaine dernière Jens Weidmann, président de Commerzbank et ancien directeur de la banque centrale allemande, devant un auditoire londonien. Le « privilège exorbitant des États-Unis », a-t-il déclaré – reprenant une expression inventée en Europe il y a plus d’un demi-siècle pour décrire la domination du dollar – « n’est peut-être pas gravé dans le marbre ».

L’indice Bloomberg du billet vert a perdu environ 7 % cette année, son pire début d’année depuis son lancement en 2005. Le plus marquant, cependant, a été la chute des bons du Trésor, qui, grâce au soutien du gouvernement américain, se portent généralement bien lorsque les autres marchés sont perturbés, comme lors du 11 septembre 2001 et pendant la crise financière.

Si les États-Unis devaient entrer en récession avec une banque centrale qui n’agirait pas ou ne pourrait pas agir de manière indépendante, il y aurait un risque que ce ralentissement s’aggrave, ce qui donnerait aux marchés encore plus de raisons d’être inquiets

Comment arbitrer son portefeuille ? 

La récente chute du dollar américain a de réelles conséquences pour les investisseurs. Avec l’affaiblissement du billet vert face à l’euro, au yen et même à l’or, il est temps de reconsidérer la dépendance de son portefeuille aux actifs américains.

Avant toute décision, il peut être judicieux d’évaluer si la baisse du dollar est significative pour sa situation. Les investisseurs diversifiés à l’échelle mondiale accueillent généralement favorablement les fluctuations des devises, tandis que ceux qui privilégient fortement les actions et les obligations américaines peuvent voir la baisse du dollar grever leurs rendements réels et leur pouvoir d’achat.

Les investisseurs en quête de bénéfices favorables peuvent se tourner vers les actions étrangères. Les actions étrangères, notamment celles des économies exportatrices comme l’Allemagne, le Japon et la Corée du Sud, bénéficient souvent d’un dollar plus faible. Leurs produits deviennent plus compétitifs à l’échelle mondiale, ce qui dope les bénéfices des entreprises. Les marchés émergents ont également enregistré des performances exceptionnelles. Au premier trimestre, les actions chinoises et coréennes ont tiré la hausse des fonds d’actions émergentes, en partie grâce à la faiblesse du dollar qui a réorienté les flux de capitaux. Si vous avez trop longtemps navigué dans le sillage des méga-capitalisations américaines, une orientation à l’étranger pourrait vous aider à rétablir un certain équilibre.

L’or n’est pas seulement un produit de luxe. Il est plus qu’une couverture et il est devenu le gagnant discret de la dépréciation monétaire. En effet, le dollar a perdu près d’un quart de sa valeur face à l’or. Une allocation modeste peut servir d’amortisseur en période de turbulences, offrant une protection contre l’inflation et l’instabilité géopolitique. Une exposition plus large aux matières premières, notamment l’énergie, les métaux et l’agriculture, augmente également généralement lorsque le dollar baisse.

La chute du dollar ne nécessite pas une refonte complète, mais ignorer cette tendance peut avoir un impact négatif sur votre portefeuille. Le leadership économique évolue, et les portefeuilles doivent suivre cette évolution. Une orientation réfléchie vers les actifs internationaux, des couvertures contre l’inflation comme l’or et une diversification des devises pourraient contribuer à compenser le ralentissement du dollar et à dégager de nouvelles sources de rendement.

Antoine Fraysse-Soulier est responsable de l’analyse des Marchés chez eToro. Ayant plus de quinze ans d’expérience en finance de marché (Brokers, Asset Managers), il nous a rejoint en 2019 pour partager sa connaissance et son expérience à toute la communauté eToro.

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