Le pétrole peut-il revenir à 100 dollars ?

La récente volatilité des prix du pétrole a marqué les marchés financiers, reflétant l’impact des tensions géopolitiques sur l’économie mondiale. La hausse significative du baril de Brent, qui s’est approché de 80 dollars, est principalement attribuée à l’escalade des tensions au Moyen-Orient.

Cette situation a entraîné un bond de plus de 8 % en une semaine, la plus forte augmentation depuis le début de l’année précédente. Les analystes suggèrent que cette tendance haussière pourrait persister à court terme, exacerbée par un phénomène de ‘short squeeze’, où les spéculateurs pourraient être contraints de clôturer leurs positions vendeuses à découvert. 

En outre, les conditions météorologiques extrêmes, comme l’ouragan Milton, ont également contribué à l’incertitude, bien que les installations pétrolières principales semblent être épargnées pour le moment. Ces facteurs combinés soulignent la complexité et l’interconnexion des événements mondiaux qui influencent les marchés énergétiques et économiques.

L’Iran, acteur incontournable du marché

Ce qui est redouté c’est que les infrastructures pétrolières iraniennes soient détruites ou en partie détruites. L’Iran, qui fut le quatrième producteur de pétrole au monde, est encore un acteur majeur. Cette année en Août, 3,3 millions de barils ont été produits soit 12,3% de la production mondiale. Mettre à mal cette production pourrait faire flamber les prix à court terme.

Par ailleurs, la Chine est le principal importateur du pétrole iranien, Pékin faisant fi de l’embargo américain. Mais s’il y avait de fortes perturbations, la Chine pourrait se tourner vers d’autres producteurs et cette demande supplémentaire pourrait faire grimper les prix, surtout dans un marché qui a tendance à réagir significativement à toutes les tensions. 

Offre en excès 

A plus long terme, les impacts sur les prix du pétrole devraient être limités. En effet, il existe un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande en raison d’une offre abondante sur le marché.

Cet excès d’offre vient du fait que plusieurs pays au sein de l’OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole) transgressent leurs quotas de production. En effet, l’OPEP oblige ses membres à restreindre leur production pour soutenir le cours du baril, mais plusieurs pays ne respectent pas ces restrictions. C’est le cas de l’Irak et du Kazakhstan qui ont affiché une surproduction en début d’année.

Par ailleurs, aux Etats-Unis, la production vole de records en records. En juillet, la production s’est élevée à 13,2 millions de barils par jour, au-dessus de ses plus hauts de 2023. Avant les élections, si les cours du brut venaient à grimper trop rapidement, il est probable que la Maison Blanche utiliserait ses réserves stratégiques pour apaiser le marché. Cette offre abondante existe donc et est susceptible de modérer la hausse des prix du baril. 

D’autant plus que la demande est en berne du fait du ralentissement économique mondial.  Les activités manufacturières que ce soit en zone euro ou aux Etats-Unis sont en contraction depuis plusieurs mois.

Deux scénarios

Il existe deux scénarios très opposés. Le premier étant celui d’une poursuite de la hausse de la production, qui pourrait faire baisser les prix jusqu’à 60 dollars le baril. Et le second étant celui d’un embrasement généralisé au Moyen-Orient qui pourrait faire flamber les cours à plus de 100 dollars. 

Ce qui est certain, c’est que la volatilité va perdurer en fonction de l’évolution du conflit. La nervosité est palpable sur les marchés, les cours étant très erratiques au sein d’une même séance. 

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Antoine Fraysse-Soulier est responsable de l’analyse des Marchés chez eToro. Ayant plus de quinze ans d’expérience en finance de marché (Brokers, Asset Managers), il nous a rejoint en 2019 pour partager sa connaissance et son expérience à toute la communauté eToro.

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