Depuis quelques semaines, les prix des matières premières sont en baisse. Ceci étant, les pays émergents n’en profitent pas. Au contraire, la situation se détériore pour une majorité d’entre eux.
Pourquoi ? La raison principale est la forte appréciation du dollar américain (USDOLLAR) ! En effet, la quasi-totalité des devises mondiales, rouble mis à part, se déprécie face au billet vert. Ainsi, malgré le repli des cours de la plupart des denrées alimentaires et de l’énergie, la crise alimentaire et énergétique s’aggrave pour nombre de pays.
Si l’on prend l’exemple du pétrole (OIL), les cours ont baissé de 4% entre le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022 et aujourd’hui, principalement du fait des craintes de récession économique. En revanche, plus de la moitié des pays en développement ont connu une hausse des prix du pétrole dans leur devise nationale, selon la Banque Mondiale.
PRIX ÉLEVÉS : Même si les prix des matières premières agricoles ont reculé en moyenne de 10% au troisième trimestre, grâce à la reprise des exportations du blé (WHEAT) en Ukraine, ils demeurent bien au-dessus de leur niveau de 2021.
Pire, certains risques planent toujours et pourraient faire repartir les prix à la hausse. Parmi eux, on peut citer, par exemple, une nouvelle flambée des prix de l’énergie ou de nouvelles tensions sur les exportations de céréales en Ukraine. Sans oublier des problèmes météorologiques dus au réchauffement climatique.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, près de 90 % des pays en développement ont connu une hausse du prix du blé en monnaie locale, constate la Banque Mondiale. Par conséquent, l’institution estime que “plus de 200 millions de personnes pourraient se trouver dans une situation de grave insécurité alimentaire cette année”.
PROJECTIONS : Après une flambée de 60% en 2022, la banque mondiale anticipe un recul des prix de l’énergie de 10% en 2023, puis de 12% en 2024 en raison du ralentissement économique. Seulement, ces prix évoluent toujours à plus de 50% au-dessus de leur moyenne sur les cinq dernières années (à 60 dollars contre 92 dollars anticipés fin 2023).
Même anticipation pour le gaz (NATGAS) et le charbon. Leurs cours devraient reculer en 2023 et 2024 mais demeurer à des niveaux élevés. En Europe, d’ici à 2024, le prix du gaz pourrait même rester quatre fois plus élevé que sa moyenne des cinq dernières années. Autre conséquence de la crise énergétique, la production de charbon devrait augmenter considérablement. Plusieurs gros exportateurs ont intensifié leur production. Une nouvelle réalité qui met en péril les objectifs en matière de lutte contre le changement climatique.
Quant aux métaux, les prix de l’aluminium et du cuivre (COPPER) ont beaucoup baissé ces derniers temps en raison des craintes de récession. Mais attention, les cours pourraient rester extrêmement volatils en raison du rôle important de ces métaux dans la transition énergétique.
Antoine Fraysse-Soulier est responsable de l’analyse des Marchés chez eToro. Ayant plus de dix ans d’expérience en finance de marché (Brokers, Asset Managers), il nous a rejoint en 2019 pour partager sa connaissance et son expérience à toute la communauté eToro.
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